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Pesticides et troubles neurologiques

        - Chez l’adulte : 

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  • L’exposition professionnelle aux composés organochlorés et aux organophosphorés est associée, dans plusieurs études, à l’apparition de troubles neuropsychologiques (exemples : troubles de l’humeur, de l’anxiété, difficultés de concentration, trouble de la mémoire et suicide) et neurocomportementaux. Cela s’explique par le fait que de nombreux pesticides interfèrent sur la transmission du signal nerveux. De manière générale, l’exposition aux pesticides sur des longues durées provoquerait des troubles psychologiques et en particulier des syndromes dépressifs.  

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  • Un lien entre maladie de Parkinson et herbicides est souvent évoqué et a fait l’objet de nombreux travaux épidémiologiques. Le journal Annals of Neurology a conclu en 1999 à une association positive entre la maladie de Parkinson et l’utilisation professionnelle de pesticides. 

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Aussi, en 2009, une étude clinique portant sur près d'un millier d'agriculteurs français confirme le lien entre exposition aux pesticides et maladie de Parkinson. Pendant dix ans, des chercheurs de l’INSERM ont suivi près d’un millier d'agriculteurs de 62 départements français. Ces agriculteurs ont été interrogés par des médecins du travail qui ont retracé l’histoire de leur exposition aux différents produits. Leur statut clinique a ainsi été rapproché du niveau d’exposition aux pesticides et du nombre d’années d’exposition. Conclusion : la famille d'insecticides des organochlorés favorise l’apparition de la maladie de Parkinson chez les personnes exposées. En effet, ces pesticides traversent la barrière hématoencéphalique, qui protège le cerveau des substances extérieures. Ils provoquent alors un stress oxydatif dans les cellules pouvant amener à la mort des neurones en perturbant notamment les mécanismes respiratoires de la cellule. Or, les neurones dopaminergiques, les premiers touchés dans la maladie de Parkinson, sont très sensibles au stress oxydatif. Ce sont donc les premières victimes des pesticides organochlorés. 

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Enfin, l’inscription récente de la maladie de Parkinson au tableau des maladies professionnelles

dans le régime agricole de la sécurité sociale traduit également ces avancées sur la

connaissance des effets neurologiques des pesticides sur la santé des personnes exposées.

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         - Chez l’enfant : 

 

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  • Une dizaine d’études a également fait le lien entre la maladie d’Alzheimer et l’exposition aux pesticides. Les résultats de chacune de ces études sont tous convergents : l’exposition aux pesticides conduit à une augmentation du risque de développer une maladie d’Alzheimer.

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  • Sébastien Bohler, docteur en neurologie, écrit dans le magazine Cerveau & Psycho :

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Une étude récente de l’Inserm (2017) révèle l’existence de troubles du comportement chez des enfants de 6 ans exposés à certains pesticides : les pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes sont des neurotoxiques qui modifient l’activité des neurones en les dépolarisant, c’est-à-dire en provoquant des afflux massifs d’ions (notamment de sodium) à travers leur membrane. Ce mode d’action tue les insectes et parasites. Cependant, les pyréthrinoïdes perturbent aussi, même à des doses infinitésimales, les neurones des enfants. L’impact des pyréthrinoïdes a été mesuré par 4 équipes de l’Inserm et de l’université de Rennes auprès de 287 enfants français et britanniques. Les biologistes ont mesuré la quantité de métabolites issus de la transformation de ces pesticides dans l’organisme des bambins, par des analyses d’urine. Ils ont également distribué aux mamans des questionnaires standards permettant d’identifier d’éventuels troubles du comportement chez leur enfant. Le résultat est sans appel : la dose de pyréthrinoïdes présente dans les urines prédit à la fois les troubles du comportement dits d’internalisation (incluant des symptômes émotionnels tels des accès d’anxiété, de nervosité ou de tristesse, mais aussi des difficultés à se faire des amis) et les troubles dits d’externalisation, regroupant des problèmes de distraction, d’hyperactivité ou d’impulsivité, des altérations du comportement prenant la forme d’accès de colère fréquents, de bagarres ou de rébellion contre les professeurs, et enfin des difficultés de socialisation et d’empathie. Ceci s’explique par le fait que les pyréthrinoïdes, en surchargeant les neurones de sodium, modifieraient les concentrations d’un facteur de croissance qui guide la croissance des cellules nerveuses. Dès lors, le programme de développement cérébral des enfants serait bouleversé. 

  • Certains pesticides joueraient aussi un rôle important dans le déclenchement de l’autisme. Il faut savoir que l’autisme est en pleine expansion en France chez les enfants et dans le monde. Florent Chapel, président du Collectif Autisme, a enquêté sur les chiffres d’enfants autistes dans le monde entier : ils augmentent de manière exponentielle. Aujourd’hui aux Etats Unis, il y a une naissance d’enfant autiste sur 68 alors qu’il y a 5 ans, c’était une naissance d’enfant autiste sur 100. La progression de l’autisme aux Etats Unis est donc fulgurante. Le Center for Disease Control and Prevention est formel : un enfant sur 68 est aujourd’hui touché par un trouble du spectre autistique aux Etats Unis. En France, il n’y a pas de chiffres précis sur l’autisme. Mais, d’après la Sécurité Sociale, le nombre de patients touchant une allocation autisme a augmenté de 33% en 3 ans (entre 2011 et 2013). Entre 2008 et 2012, les diagnostiques d'autisme dans les centres spécialisés ont augmenté de 45%. Enfin, depuis 2008, le nombre d’enfants scolarisés avec des troubles autistiques a bondi de 120%. 

 

​Comment expliquer ces tendances en France comme dans les autres pays occidentaux ?

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L’augmentation de l’autisme chez les enfants serait liée à notre environnement chimique et à un insecticide en particulier. L’endocrine society, une organisation regroupant 17000 scientifiques du monde entier, a présenté les conclusions de sa dernière étude : les chercheurs alertent aujourd’hui sur les effets néfastes des polluants sur le cerveau des enfants et notamment sur l'autisme. Ils ont découvert que les produits chimiques déclenchaient des symptômes autistiques chez l’animal. Ces produits ont un rôle très important dans cette pathologie. Philippe Grandjean, professeur de santé environnementales université d’Harvard : "nous avons identifié 12 produits chimiques ayant un impact négatif sur le développement neurologique des enfants. On peut citer le Plomb, le mercure mais aussi des pesticides comme le Chlorpyrifos, un pesticide neurotoxique empêchant la transmission de l’influx nerveux provoquant alors la mort des insectes". 26 études ont prouvé que le Chlorpyrifos (même mode d'action que les néonicotinoïdes) avait un impact négatif sur le développement cérébral des enfants : résultats aux tests cognitifs moins élevés (bien inférieurs à la moyenne), déficit de l’attention, tests de QI plus faibles. Plusieurs d’entre elles ont aussi montré que le Chlorpyrifos est responsable de l’autisme de certains enfants. 

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 Voici l’exemple d’une région de Californie où l'utilisation du pesticide Chlorpyrifos est la plus intense : le comté de Tulare.

 

   Ici, 95 tonnes de Chlorpyrifos pur sont épandues chaque année et les habitants vivent juste à côté des plantations     d’agrumes où est pulvérisé le Chlorpyrifos. Ici, en 10 ans, le nombre d’enfants autistes a été multiplié par 6. En            2016, Irva Herz-Picciotto épidémiologiste environnementale à l'université de UC Davis en Californie a mené une           étude sur 1000 enfants autistes dans toute la Californie. Avec son équipe de chercheurs, elle a fait des analyses de       sang et prélèvements d’urine des 1000 enfants. Lorsqu’elle a superposé la carte d’épandage des pesticides                   neurotoxiques avec les adresses des mères des enfants autistes lorsque celles-ci étaient enceintes, elle a                      découvert qu’il y avait une plus grande proportion d’enfants autistes dans les zones voisines des champs                       d’épandage de pesticides et cela jusqu’à 2km à la ronde. Le Chlorpyrifos en particulier est le pesticide qui                     augmente le risque d’avoir un enfant autiste. Les scientifiques se sont rendus compte que lors de sa grossesse, une     mère voisine d’une zone d’épandage de Chlorpyrifos a 3 fois plus de risque d’avoir un enfant autiste.

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