• De par leur nature, les pesticides présentent un potentiel toxique. Étant des substances destinées à lutter contre des organismes vivants, ils agissent sur des fonctions vitales, comme la respiration cellulaire, la division cellulaire, la signalisation nerveuse ou hormonale ou encore la synthèse de protéines. Du fait de l’usage étendu des pesticides, aussi bien en zone agricole qu’en zone non agricole, de leur caractère persistant et de la présence de résidus dans différents milieux (air, eau, sol) et dans l’alimentation, les pesticides posent un réel problème de santé publique.

 

• L’exposition aux pesticides peut être primaire, c'est-à-dire concerner les personnes manipulant directement les produits lors de la préparation ou de l’application. Il s’agit bien évidemment des agriculteurs ou des professionnels, et dans une moindre mesure des particuliers. La population dans son ensemble est concernée par une exposition secondaire, via les résidus de l’usage des pesticides, aussi bien à travers l’alimentation que l’environnement (air, eau, sol). Tout de même, qu’il s’agisse d’activités professionnelles ou non, les contaminations aux pesticides, c’est-à-dire l’introduction des substances dans le corps, ont lieu selon trois voies d’exposition : la voie cutanée (et oculaire), la voie digestive (ou orale) et la voie respiratoire.

 

• Les effets des pesticides sur la santé peuvent être classés en deux catégories : les effets aigus et les effets chroniques (effets à long terme).

--->Les effets aigus se manifestent très rapidement après exposition, généralement en lien avec des doses élevées. Ces effets sont, pour la plupart, assez bien connus, notamment grâce à de nombreuses études menées chez les agriculteurs.

--->Les effets à long terme d’une exposition chronique sont, quant à eux, plus difficiles à déterminer. Ces effets concernent bien sûr les utilisateurs directement en contact avec les pesticides, mais le contact peut aussi être indirect pour les familles des utilisateurs, les riverains situés à proximité d’épandages de pesticides…

Nous savons aujourd’hui que l’exposition à un cocktail de plusieurs pesticides peut aussi bien avoir des effets aigus que des effets à long terme, parfois même des effets Trans générationnelles sur les individus qui ont été exposés.

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I-Toxicité aiguë  

 

Les effets aigus des pesticides chez l’homme, c’est-à-dire suite à une exposition importante et unique, sont assez bien documentés aujourd’hui. Il s’agit de brûlures chimiques au niveau des yeux, de lésions cutanées, de troubles

hépato-digestifs, de troubles respiratoires et neuromusculaires. Ces effets surviennent notamment en cas d'empoisonnements accidentels. Ce sont les agriculteurs, qui utilisent des doses de produits importantes, qui constituent une population davantage exposée. Les délais d’apparition varient en fonction de la toxicité intrinsèque du produit utilisé, de la dose reçue, de la voie d’exposition et de la sensibilité de la personne.

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II-Toxicité chronique  

 

L’exposition chronique correspond à une exposition répétée dans le temps à des faibles intensités. Pour ce type d’exposition, les effets des pesticides sur la santé sont complexes à quantifier précisément. Cette complexité est d’autant plus accentuée pour la population générale par rapport aux professionnels. En effet, les études sur le sujet se heurtent à de nombreuses difficultés méthodologiques comme, par exemple, la reconstitution précise de l’exposition des individus (études sur plusieurs dizaines d’années en arrière). 

 

Cependant, en 2010, la Direction générale de la santé a demandé à l’Inserm, la référence de la recherche française, d’effectuer un bilan de la littérature scientifique pour permettre de fournir des arguments sur les risques sanitaires associés à l’exposition aux pesticides, en particulier dans le secteur agricole, et sur les effets d’une exposition précoce chez le fœtus et le jeune enfant. L’Inserm a donc réalisé une expertise collective,

intitulée Pesticides et santé, publiée en 2013, et qui a dépeint un panorama des

connaissances scientifiques disponibles à une échelle internationale depuis

30 ans concernant les effets des pesticides sur la santé. Les études

épidémiologiques recensées par l’Inserm ont permis d’identifier des relations

entre la survenue de certaines maladies et l’exposition aux pesticides. 

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Les études examinées par l’Inserm ont mis en évidence des augmentations de risques significatives pour plusieurs pathologies en lien avec l’exposition aux pesticides. Les pathologies suivantes sont citées : les cancers, les maladies et troubles neurologiques, les troubles cognitifs, les atteintes de la fonction de reproduction, les troubles du développement (par exemple du foetus et de la petite enfance lors d’expositions au cours de la période prénatale et périnatale), les troubles anxio-dépressifs, perturbations du systèmes endocrinien. 

 

Aujourd’hui, de nombreux pesticides (plus précisément leur(s) molécule(s) active(s)) sont classés CMR, c’est-à-dire Cancérigènes (qui peut induire le cancer), Mutagène

(qui peut induire des mutations, cela agit sur l’ADN),

Reprotoxique (toxique pour la reproduction, avoir un

impact négatif sur la reproduction), ou encore T (toxique) et

T+ (très toxique), ou bien neurotoxique, perturbateurs hormonaux.